Frédéric Dutoit_Député des Bouches du Rhône_Maire du 8ème secteur de Marseille
Monsieur le maire, chers collègues,
La requalification urbaine des quartiers Belle de Mai et Saint Mauront est un enjeu majeur pour Marseille. Les nombreuses parcelles appartenant au Ministère de la Défense constitueront, pour la Ville de Marseille, une réserve foncière publique conséquente. Cette donne est essentielle dans un quartier où les équipements publics et les espaces verts font cruellement défaut. Je serai donc attentif à ce que cette étude préconise une opération publique de grande envergure et de qualité, privilégiant les besoins des habitants du secteur. Dans cet esprit, il sera impératif de travailler avec les forces vives du territoire que sont les habitants et la Mairie de Secteur.
J’insiste sur ce point Monsieur le Maire. Reconstruire la ville sur la ville ne peut se faire qu’avec la population. Celle ci n’est d’ailleurs pas, à ma connaissance, favorable à la cession par la Ville du Jardin de la Maternité, seul espace vert du quartier Belle de Mai, où seront construits des logements étudiants ainsi qu’une copropriété de 133 logements. De même, je ne peux passer sous silence les graves menaces qui pèsent sur le devenir du Comptoir, précisément installé au cœur de ces deux quartiers populaires.
La vente envisagée à un promoteur immobilier des anciens bâtiments industriels de la rue Sainte Victorine et de la rue Toussaint soulève bien des inquiétudes. Inquiétudes chez les résidents du Comptoir - il réunit 13 structures, des associations culturelles et des entreprises commerciales, qui accueillent 200 salariés dont plus de 40 permanents. Inquiétudes chez les habitants et les présidents des comités d’intérêt de quartier également. Des inquiétudes, des colères que je partage avec mon amie Lisette NARDUCCI.
Le Comptoir, que j’ai personnellement visité, est un espace de vie, un vrai patrimoine vivant. Un lieu pluridisciplinaire et de création ouvert sur les quartiers environnants, fréquenté par les enfants des écoles, par des mères de famille et, ne l’oublions pas, par des jeunes souvent à la recherche d’écoute. Son devenir est aussi un enjeu économique avec un chiffre d’affaires cumulé de plus de 4,3 millions d’euros.
Le Comptoir, c’est un vrai pôle d’activité en devenir, qu’il convient de conforter et non de rayer de la carte. Des espaces inoccupés à ce jour - près de 2000 m_ - sont par ailleurs disponibles pour y abriter de nouvelles structures de création, des artistes et des artisans, des équipements socioculturels de proximité.
Dans ces quartiers qui ont trop souvent été oubliés par la puissance publique, il est essentiel d’avoir une vision d’ensemble, une approche de son développement cohérente, globale et durable. A mes yeux, il est impensable de construire des immeubles sans réfléchir aux infrastructures indispensables à l’accueil de ces nouveaux habitants comme au bien-être des habitants plus anciens. Il y a des retards à combler prioritairement. Et, dans l’intérêt général, une politique équilibrée à définir et à mettre en œuvre avec diligence afin de rendre plus pertinente les interventions croisées des partenaires publics et privés.
Dans ce contexte, le maintien sur place du Comptoir et de toutes ses activités est une urgence. Il contribuera ainsi directement au sérieux du projet de requalification de ces quartiers sur lequel le Conseil municipal se penche à nouveau aujourd’hui. Aussi, je vous invite, monsieur le maire, chers collègues, à user du droit de préemption de la Ville pour sauver le Comptoir et encourager activement son rayonnement.
Candidate au titre de capitale européenne de la culture, Marseille doit abattre tous ses atouts. Tout particulièrement la richesse de cette culture de qualité et de proximité que défendent avec une belle opiniâtreté les résidents du Comptoir. C’est une belle carte à jouer, un complément idéal à l’essor de la Friche de la Belle de Mai.
Frédéric Dutoit
A l’issue de cette intervention, le maire de Marseille, Jean-Claude GAUDIN, s’est engagé à examiner la proposition avancée par Frédéric DUTOIT avec son adjoint délégué à l’urbanisme, Claude VALETTE.
13 novembre 2006