lundi 20 novembre 2006

Intervention de Sam KHEBIZI LE 20 novembre 2006

Le comptoir est en danger ! Depuis plusieurs semaines déjà, grâce à la mobilisation des résidents, des informations circulent sur la mise en vente du site sans concertation préalable avec la SCI Planchon & Bourguet, propriétaire actuel. Les collectifs s’organisent, les médias relayent l’info, les élus tendent l’oreille.

Mais qu’est-ce que ce qui se cache derrière cette interpellation : Le comptoir est en danger ? Qui exactement est en danger ? En danger de quoi ? Les habitants sont-ils concernés ou uniquement les locataires ? Quel impact pour le quartier ? Où en est-on exactement ? Qu’est-il encore possible de faire ?

Petit mémento :

Le comptoir toussaint ste-victorine est présent dans le quartier depuis la moitié du 19ème siècle. D’abord usine d’allumettes puis comptoir à épices dans les années 1880 jusqu’à la seconde guerre mondiale, le site a été pour le quartier un lieu important d’activité économique. Puis vint le temps des friches industrielles jusqu’aux années 1980 qui a été marqué par l’arrivée progressive d’artisans qui ont occupé les rez-de-chaussée. Dans les années 90, ce sont des artistes qui commencent à occuper de façon précaire des locaux en bien mauvais état. J’en faisais partie. Début 2000, le début des années folles ! Le foncier pèse de plus en plus lourd, pour les propriétaires comme pour les locataires ! Il y a trop d’espace non occupés, trop de travaux à engager, des propriétaires vieillissants et des héritiers nombreux et pressants. Une solution gagnant-gagnant est alors trouvée : permettre à des structures culturelles de s’implanter dans les nombreux espaces vacants contre un loyer raisonnable, à charge à chacun de réaliser les travaux nécessaire dans chaque espace. Les investissements ont été colossaux : fonds privés ou fonds publics, tout le monde a joué le jeu. Les connexions avec le quartier sont rapides et naturelles et chacun avec ses spécificités, engage une action de fond sur le territoire.
Aujourd’hui le comptoir c’est 13 structures culturelles, socio-culturelles et commerciales, 40 emplois permanents et 160 vacataires et intermittents. Près de 4, 5 millions d’euros d’activité cumulée.

Pour quel résultat ! Pour apprendre quelques années plus tard que le site était sacrifié sur l’hôtel de la spéculation immobilière ! Sans avertissement, sans concertation, sans tenir compte des engagements pris, sans tenir compte de l’impact négatif qu’entrainera inexorablement la destruction du site sur le quartier.

Oui, le bâtiment appartient au privé ! Oui, juridiquement le site peut être vendu sans autre forme de procès ! Oui, mais cela ne marche que sur le papier !


Dans la réalité, du moins celle que nous vivons, il y a une vie, il a des gens ! Il y a une économie, il y a des emplois ! Il y a un passé, il y a des projets !

Oui nous défendons un projet original, oui nous avons un impact social, économique et culturel sur le quartier. Mais pas seulement, nos activités s’étende dans la ville, dans le département, dans la région, au national et à l’international. Et se sont bien ces expériences d’ailleurs que nous ré-injectons dans le quartier afin d’éviter de tourner en vase clos.

C’est aussi pour ces raisons que l’ensemble des collectivités publiques sont concernés par notre devenir. Les élus qui nous représente, quel que soit leur couleur politique ou leur mandat doivent s’emparer de ce dossier.
La ville au premier chef qui a seule la capacité d’user de son droit de préemption.

Comment d’ailleurs ne pas vous confier mon scepticisme quand au volontarisme de la ville à préempter. Il me parait difficilement imaginable qu’un site aussi important n’ai pas fait l’objet d’une négociation préalable entre le promoteur Kaufmann et Broad et la ville.
Comment ne pas souligner, non plus, le paradoxe existant entre la volonté de faire de Marseille la prochaine Capitale Européenne de la culture quand on sait à quel point les espaces culturels sont menacés. L’usine Corot très récemment, la caserne Mirabeau, la Minoterie hors les murs pendant quelques années, le système Friche Théâtre connaissant des difficultés croissante, le toursky connaissant des difficultés récurrentes.
Ma vision est probablement négative, je n’attends qu’à être rassuré !

Je suis du genre pragmatique et j’attends de la ville un discours clair, rapide, sans langue de bois ni fausse espérances quand à son positionnement sur sa volonté de préempter. Si il a des pistes quels sont-elles ? Si il y a des conditions, quelles sont-elles ? Qui sont nos interlocuteurs et dans quel calendrier pouvons nous avancer ? Il faut aller vite !

Mais la ville n’est pas la seule concernée ! Les collectivités territoriales viennent ensuite car dans un contexte budgétaire défavorable l’intervention financière d’une seule collectivité est peu réaliste. Et il serait nécessaire de mettre en pratique leurs politique volontariste en matière de culture, d’emploi et d’insertion. L’état enfin car le quartier fait partie des zones urbaines sensibles et qu’il a besoin d’un soutien appuyé et conjoint du ministère de la ville et de l’égalité des chances ainsi que de la culture.

Une table ronde n’est jamais facile, elle n’en est pas moins impérative et nécessite du temps. Temps qui nous manque !

Nous avons donc besoin du courage politique de nos élus et de leur détermination à intervenir pour sauver un espace structurant dans le quartier et dans la ville en dehors de tout conflit d’intérêt. Ce serait messieurs, mesdames, une belle leçon que vous offririez à nos concitoyens.

Le président de l'union des résidents du comptoir

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